Il y avait Guitares au Beffroi (Montrouge) avec son « Festival international de guitares » ainsi que le salon Graines de Guitares en Seine-et- Marne mais force est de constater que la capitale manquait d’un rendez-vous bien à elle. C’est désormais chose faite grâce aux efforts de Jacques Carbonneaux (LaGuitare.com) et François Vendramini (luthier). On vous propose donc une revue rapide des forces en présence qui ont attiré mon attention, tout en demandant à ceux que j’aurai oublié (Franck Cheval,Christophe Grellier, Mike lewis, Chatelier…) ne pas trop m’en vouloir : la page Facebook du présent site les a souvent honoré, notamment lors de la précédente édition de Guitares au Beffroi.
Les acoustiques
On commence avec Thomas Fejoz, incontournables parmi les jeunes luthiers français de la « 3ème génération » (années 2000) selon l’esprit des organisateurs du salon. Il travaille près de Valence.
Shaï Sebbag (qui joue régulièrement un de ses modèles) était présent pour présenter quelques guitares de différents luthiers.
Parmi les jeunes luthiers de la « 4ème génération », Florian Jégu (Bretagne) est un habitué de ces rendez-vous.
Les modèles exposés par Richard Baudry brillent par leur variété et leur finition toujours exemplaire. Il est installé depuis 2001 dans le Nord.
On a aussi pu contempler chez lui une magnifique Dreadnought assez fidèle au standard établi par Martin au cours des années Trente.
Le palissandre de Madagascar et le filet en « herringbone » nous renvoient au légendaire modèle D-28 de la marque américaine.
On a éteint lumière pour contempler un bel épicéa et son motif « bear claw » (chenillé comme on dit ici) sur un modèle OM.
Les instruments fabriqués par François Vendramini (il fabrique aussi des modèles électriques) se remarquent par leur sobriété pourrait-on dire. Son revendeur parisien ne les garde en général pas très longtemps. Une merveille d’équilibre et de chaleur. On a l’impression de jouer une guitare de plus de 50 ans !
La caisse de ces deux modèles réalisée en noyer, une essence fréquemment employée par notre artisan.
La mode des ouvertures sur les éclisses ou sur le haut de la table a quelques fidèles représentants.
Cela peut être utile pour loger facilement l’électronique du système d’amplification.Les deux modèles sont fabriqués par Fred Mons (Kopo Guitares) situé en Bretagne.
On peut pratiquer des ouvertures selon les goûts du client mais celles sur la partie aigüe sont quand même plus rares.
Philippe Monneret poursuit la tradition des luthiers installés à Mirecourt avec la reprise de l’atelier Gérome en 1990. Ses modèles modèles jazz sont toujours aussi réussis.
On reste dans l’esprit des guitares Selmer avec ce beau modèle du luthier François Druet lui aussi installé depuis peu dans l’Est de la France. Le micro flottant est un Benedetti (France).
Vladimir Muzic fabrique des guitares depuis 2007. Ses modèles jazz sont les plus connus. A noter une gamme de médiators (15 euros pièce) dans l’esprit des Dugain et qui ont su me convaincre.
Les modèles archtop (table sculptée) étaient également présents avec une réalisation du luthier Philippe Clain (Réunion) installé depuis 1984.
L’électronique logée sous la plaque de protection embarque pas mal de monde pour un seul micro ! Il y a sans doute du capteur piézo là-dessous.
Gérard Defurne (Marseille) présentait quelques beaux modèles pouvant rappeler les premières guitares fabriquées par Orville Gibson au début du siècle dernier. Il fait partie de la « première génération ».
Ce beau modèle marque pour moi la découverte du jeune luthier alsacien Gabin Graff. Quand on pense que notre homme est plutôt adepte des guitares électriques « solid body » comme on le verra plus loin…Comptez aux alentours de 5000 euros pour ce modèle 17 pouces et son barrage en X.
Une belle trouvaille de Pierrick Brua (Montpellier) pour accéder au contrôle de volume sur un modèle archtop, un genre particulièrement apprécié par ce luthier qui s’en ait fait une spécialité.
Les guitares durables de Jean-Yes Alquier présentent une caisse en bambou. Appréciez la fixation des cordes sur la table. La forme de ces guitares est aisément reconnaissable, que ce soit pour les électriques ou les acoustiques, et c’est rare pour un fabricant/artisan.
La jonction corps / manche a sans doute nécessité pas mal de réflexion…La cavité en bout de touche permet l’accès au truss rod.
Le stand Dupont représenté par son fondateur était d’une relative sobriété en comparaison du dernier salon de Montrouge. On y retrouvait sa série phare (à mon avis) des AU et GA au rapport qualité-prix (- 2000 euros) exceptionnel. La guitare bleue est le modèle Alquier/ Fastback fabriqué par Dupont en « série ».
Et puisqu’il n’y pas que les guitares dans la vie, citons aussi les mandolines avec une belle création de la luthière Mylène de Baudoin. Elle est située à Mirecourt (Vosges) depuis quelques mois.
Peu de cordes nylon étaient présentes à l’exception des modèles de Gérard Audirac (Loiret) facilement reconnaissables à leur absence de rosace et leur tête ajourée tout droit sortie d’un bureau d’étude aéronautique. Signalons qu’il s’agit de l’un des plus anciens luthiers encore en activité puisqu’il s’est installé en 1976.
Les électriques
Rares sont les luthiers à pouvoir être reconnaissables du premier coup d’oeil. C’est le cas de Mikael Springer avec ses modèles d’inspiration américaine. Mais à quel modèle cette guitare vous fait penser ?
Et celle-ci ?
L’atelier Eden Lutherie (Villemomble) était représenté par son fondateur Dider Dubosq. Il préfère les basses mais il sait à peu près tout faire dans le domaine des guitares électriques.
Une grosse claque avec les réalisations de chez Roadrunner (Nancy) qui équipent notamment Yarol Poupaud.
Le modèle d’inspiration Bigsby/Merle Travis et son look 50’s est particulièrement réussi.
Les couleurs et les matières nous revoient souvent à l’âge d’or de notre instrument préféré.
Pour des formes plus galbées, adressez-vous donc chez Alquier et ses modèles Fastback tout en bois durables (aulne/et noyer pour le corps). L’étui qui accompagne ces oeuvres d’art est à lui seul un petit bijou.
Contrairement aux apparences, la jonction corps manche est ici collée.
Les modèles hollow body sont également très réussi. Notez la fixation « à l’ancienne » du cordier.
Le luthier Gabin précédemment cité présentait cette guitare stratoïde très impressionnante avec sa table rapportée en noyer sur un corps en frêne. La couche de verni PU est ultra fine… étonnant ! Les micros sont des Van Zandt. Comptez environ 3000 euros pour ce modèle.
Et il y aussi le cratère qui attire le regard. La poutre central est en érable surmontée d’un placage en ébène.
Dans la gamme des guitares de voyage, le modèle Tour Bus (fabriqué chez Dupont) de Sébastien Gavet trouve sa place.
Notre homme fabrique aussi des modèles traditionnels avec une finition relic impeccable pourrait-on dire…
On trouve aussi des modèles plus exclusifs comme la Canon.
Quelques accessoires
Je ne me lasse pas de contempler ces mécaniques Gotoh « Stealth-Keys » ultra-légères avec moins de 80g pour l’ensemble. Le fabricant japonais les déconseille pour des guitares dont les cordes dépassent les 20kg de pression.
Ces mécaniques étaient montées sur une guitare électrique signée DNG.
Les micros « made in France » Benedetti équipaient de nombreux instruments présents sur le salon.
Il semble que tout soit ici possible pour s’accorder avec l’instrument choisi…
Ou sa tenue de scène avec cette relecture des légendaires micro DeArmond !
La firme est basée à Marseille et fête des cinquante années d’existence.
Les chevalets de la marque Evertune équipaient certains modèles présentés.
Les organisateurs ont enfin tenu à rendre hommage à un jeune luthier parisien victime des attentats du 13 novembre : Romain Nauffle (Eponyme Guitares). Que le propriétaire de l’instrument en soit remercié.
Très joli compte rendu . Merci . Si je veux être visiteur sur le prochain ? Cordialement.